Trump ne réussira pas à détruire la mondialisation

Le 2 avril, jour baptisé "jour de libération" par Donald Trump, marquera le dévoilement de son plan de tarifs "réciproques".

Alors que l'inquiétude monte face à un monde en "démondialisation", plusieurs facteurs indiquent que les politiques protectionnistes de Trump ne pourront pas inverser durablement la tendance de fond de l'économie mondiale.

On vous explique ceci, dans votre allongé du jour.

🇺🇸Une influence américaine surestimée

Première réalité à considérer : l'importance des États-Unis dans le commerce mondial est souvent exagérée.

Bien qu'étant la première économie mondiale, l'Amérique ne représente que 13% des importations mondiales de biens – en baisse par rapport aux 20% d'il y a deux décennies.

Simon Evenett, professeur à l'IMD Business School, a mené une expérience théorique révélatrice : même si les États-Unis coupaient toutes leurs importations, 70 de leurs partenaires commerciaux compenseraient intégralement leurs pertes en un an, et 115 le feraient en cinq ans – à condition de maintenir leur croissance actuelle vers d'autres marchés.

D'autres moteurs de croissance commerciale

L'Europe et la Chine jouent désormais un rôle plus important que les États-Unis dans le commerce mondial.

La Chine a besoin de sécuriser ses matières premières et d'accéder aux marchés mondiaux pour soutenir la stratégie de croissance de Xi Jinping. Pékin a déjà exprimé la nécessité de "résister à l'unilatéralisme" face au protectionnisme américain.

L'Union européenne, quant à elle, reste fondamentalement attachée au commerce international. Le commerce intra-européen devrait s'intensifier avec les efforts d'intégration économique et de défense en réponse à l'hostilité de Trump. Bruxelles reconnaît également la nécessité d'être pragmatique dans ses échanges avec la Chine.

Au-delà de ces deux puissances, l'Inde, l'Asie du Sud-Est, l'Asie de l'Est et le Moyen-Orient devraient soutenir la croissance des volumes du commerce mondial jusqu'en 2029, selon le DHL Trade Atlas.

📖 Les cycles historiques de la mondialisation

L'histoire nous enseigne que l'importance du commerce pour l'économie mondiale a toujours connu des flux et reflux. L'élasticité des échanges par rapport au PIB mondial fluctue avec les cycles géopolitiques, qui influencent les débats nationaux sur la protection des industries et des travailleurs.

Mais la réalité économique finit toujours par s'imposer. Les gains d'efficacité issus des spécialisations mondiales – permettant l'importation d'intrants et de produits moins chers, de meilleure qualité ou simplement rares – finissent par l'emporter sur la logique de protection d'emplois et d'industries inefficaces.

Comme le souligne Parag Khanna, conseiller en stratégie mondiale : "Le protectionnisme va et vient par cycles, mais la force structurelle sous-jacente de l'avantage comparatif finit par prévaloir pour établir un nouvel équilibre qui continue à favoriser l'expansion du commerce global."

🌐 La mondialisation au-delà des biens

Il faut également considérer que la mondialisation dépasse largement le commerce de marchandises. Le commerce des services commerciaux – couvrant les affaires, la finance et les TIC – a progressé deux fois plus vite que celui des biens depuis 1990. Les échanges numériques en sont une composante clé et devraient s'accélérer avec la croissance des services d'IA.

DHL montre que les flux internationaux de commerce, de capitaux, d'information et de personnes ont tous augmenté entre 2019 et 2024, période où le discours sur la démondialisation s'est amplifié.

📈 L'inflation : talon d'Achille de Trump ?

À court terme, Trump pourrait même être contraint de modérer ses politiques inflationnistes. La substitution des importations est une entreprise de longue haleine, tandis que les cycles politiques sont plus courts.

Un récent sondage de l'Institut Cato et YouGov a révélé que 40% des électeurs américains considèrent l'inflation comme un problème majeur. Seulement 1% ont mentionné la mondialisation et le commerce.