Naval Group face au contrat du siècle
Naval Group, leader de la construction navale militaire, allie innovation et succès à l’international face à des défis géopolitiques majeurs
L'actualité autour de Naval Group est en effervescence suite au méga appel d'offres lancé par le gouvernement canadien pour la construction de 12 sous-marins conventionnels capables d'opérer sous la glace. Ce projet colossal évalué à 60 milliards de dollars canadiens (40 milliars d'euros), vise à renouveler la flotte vieillissante de sous-marins de la Marine royale canadienne, tout en renforçant les capacités arctiques du pays. Naval Group, avec son expertise dans la construction de sous-marins nucléaires et conventionnels, est en lice face à d'autres géants mondiaux de la défense navale tels que le suédois Saab, ou le germano-norvégien Thyssenkrupp.
Quelles sont les récentes réussites du constructeur ? Quels défis rencontre-t-il dans la conjoncture actuelle ? Pourquoi faut-il se méfier des "méga contrats" ?
C'est ce que nous allons découvrir dans l'allongé du jour.
🇫🇷 Une entreprise française spécialisée dans la construction navale militaire
Naval Group conçoit, construit, et entretient une large gamme de navires militaires, allant des sous-marins aux porte-avions. Ses compétences couvrent toute la chaîne de valeur, de la conception initiale à la livraison du navire et son maintien en condition opérationnelle. Les principales catégories de navires comprennent :
Les sous-marins nucléaires et conventionnels, notamment les sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) et les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE);
Les frégates multimissions (FREMM), les corvettes et les navires de patrouille.
Naval Group participe également à la conception et à l'entretien des porte-avions, notamment le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle.
🚢 Des succès internationaux marquants
Au cours des dernières années, Naval Group a remporté des contrats significatifs qui renforcent son statut de leader mondial de la construction navale militaire. L’un des exemples les plus frappants est le contrat avec les Pays-Bas pour la construction de quatre sous-marins Barracuda. Estimé entre 2,5 et 6 milliards d’euros, ce projet revêt une importance stratégique non seulement pour la modernisation de la flotte néerlandaise, mais aussi pour l’industrie navale française, qui tire profit de cette commande à forte valeur ajoutée. Les sous-marins Barracuda sont réputés pour leur capacité à opérer dans des eaux peu profondes tout en participant à des missions à longue portée.
Un autre contrat majeur concerne l’Indonésie, qui a commandé deux sous-marins Scorpène équipés de la toute dernière technologie de batteries lithium-ion. Ce modèle, particulièrement silencieux et adapté aux eaux peu profondes de l’archipel indonésien, s’inscrit dans un vaste programme de réarmement du pays face à la montée des tensions géopolitiques dans la région. Ce contrat, estimé à environ 2 milliards d’euros, marque également une étape importante pour Naval Group en Asie du Sud-Est, où la compétition avec d’autres grands constructeurs navals, comme l’Allemagne et la Corée du Sud, est intense.
Ces victoires à l’exportation confirment la capacité de Naval Group à s’adapter aux exigences spécifiques de ses clients, tout en offrant des produits technologiquement avancés. Ces contrats ne sont pas seulement des réussites commerciales, mais ils contribuent également à renforcer les partenariats diplomatiques avec des pays clés, augmentant ainsi l’influence de la France sur la scène mondiale.
🇨🇦 Méfiance sur le méga contrat canadien
Le Canada a récemment lancé un appel d'offres pour l'acquisition de 12 sous-marins conventionnels. Ce projet, décrit comme le "nouveau contrat du siècle", exige aux candidats de répondre à des questions complexes sur les délais de livraison, la méthodologie de construction, les coûts et les performances techniques, notamment en termes d'autonomie sous l'eau et de capacité à opérer sous la glace. Le Canada souhaite recevoir les premières unités d'ici 2035.
Plusieurs pays, dont la Norvège, l'Allemagne, la Suède et la Corée du Sud, ont déjà manifesté leur intérêt. Cependant, le groupe français Naval Group reste ambigu quant à sa participation. Si l'industriel avexprimé sa reconnaissance du potentiel stratégique du projet, il n'a pas encore officiellement confirmé sa candidature.
Bien que le groupe dispose d’une expertise reconnue dans la construction de sous-marins, il reste prudent après plusieurs déconvenues passées. En effet, en 2021 Naval Group avait subi une annulation brutale de son contrat de 56 milliards d’euros avec l'Australie pour la construction de 12 sous-marins à propulsion diesel-électrique. Cette annulation, dans le cadre de l'alliance AUKUS entre l'Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis, avait suscité une vive réaction de la France, qui se sentait trahie diplomatiquement. La situation rappelle une autre mésaventure, cette fois avec le Canada en 1989, lorsque ce dernier avait annulé un contrat avec la France sous la pression américaine.
En parallèle, la visite officielle du président Emmanuel Macron au Canada soulève des spéculations quant à d'éventuelles discussions autour de ce contrat. Bien qu'aucune discussion formelle sur les sous-marins ne soit annoncée, le partenariat stratégique entre la France et le Canada pourrait être évoqué dans le cadre de leur coopération en matière de sécurité.
Naval Group, avec ses récents succès à l'international, possède de solides atouts pour répondre à cet appel d'offres, notamment son expertise en transfert de technologies et sa capacité à livrer des sous-marins conventionnels de haute technologie, comme le Barracuda Shortfin. Cependant, des tensions passées avec le Canada et l'alliance AUKUS pourraient freiner la France dans cette compétition.