Les États-Unis face à la Chine : vers un conflit armé ?

La question fait frémir les marchés et inquiète les analystes : sous la présidence de Donald Trump, les États-Unis pourraient-ils entrer en guerre contre la Chine ? Les dernières déclarations, décisions stratégiques et tensions dans la mer de Chine méridionale alimentent les spéculations. Mais au-delà de la rhétorique belliqueuse, que révèlent les faits ?

C'est ce que nous allons décrypter, dans votre allongé du jour.

🤪 Une position américaine paradoxale

Trump affiche une position schizophrénique sur la scène internationale.

D'un côté, il prône l'isolationnisme, critiquant les "engagements étrangers" et déclarant lors de son discours d'investiture que sa présidence serait jugée par "les guerres qu'on n'aura jamais commencées".

De l'autre, il exhibe régulièrement la puissance militaire américaine, multipliant les menaces contre l'Iran, la Corée du Nord et maintenant la Chine.

Son State Department a récemment clarifié que les USA interviendraient si la Chine attaquait "le territoire, les navires ou les avions des Philippines" - un allié protégé par traité. Une position que les sondages viennent renforcer : selon une étude récente, 51% des Américains soutiendraient une frappe contre la Chine même sans pertes américaines préalables. Ce chiffre grimpe à 57% si des soldats américains étaient tués.

Fait marquant : l'ancien ambassadeur américain en Chine, Nicholas Burns, met en garde contre la "férocité de cette lutte" que "trop d'Américains sous-estiment". Pour lui, la compétition sino-américaine se joue sur tous les fronts : militaire, technologique, économique et idéologique.

🪖Des freins puissants à l'escalade militaire

Malgré ces tensions, plusieurs facteurs rendent un conflit direct improbable. Le premier, et non des moindres : la dissuasion nucléaire. Les deux pays possèdent l'arme atomique, créant ce que les stratèges appellent "l'équilibre de la terreur".

"La Chine et les États-Unis sont très motivés à éviter un conflit direct. Personne ne veut un conflit qui pourrait pousser à la fin du monde".

Alexandra Chinchilla, Paul Poast et Dan Reiter pour la revue Foreign Affairs.

L'histoire récente montre également la prudence chinoise face aux provocations. Pékin a systématiquement évité la confrontation directe avec les forces américaines depuis les années 1950. Même après le bombardement accidentel de l'ambassade chinoise à Belgrade en 1999, la Chine a privilégié la voie diplomatique.

Dernier point : l'interdépendance économique.

La Chine reste le troisième partenaire commercial des États-Unis, et l'Amérique demeure le plus grand marché d'exportation chinois.

🚒 Des zones d'embrasement potentielles

Reste que plusieurs points chauds pourraient déclencher une escalade non maîtrisée. La mer de Chine méridionale, où transitent 30% du commerce mondial, constitue l'épicentre des tensions. Les navires chinois et américains s'y croisent quotidiennement, multipliant les risques d'incident.

Taiwan représente un autre foyer de crise potentiel. Si la Chine utilise aujourd'hui des cyberattaques plutôt que des frappes contre l'île, une escalade reste possible, surtout avec la rhétorique ambiguë de Trump sur le sujet.

La course technologique, notamment dans le domaine de l'IA, exacerbe également les tensions. L'entrée fracassante de DeepSeek dans la compétition illustre à quel point cette bataille devient centrale dans le rapport de force sino-américain.

En outre, le fils du président, Donald Trump Jr, a récemment plaidé pour que l'armée américaine "se concentre sur la Chine" tout en "évitant la guerre" - une position qui révèle la stratégie d'équilibriste de l'administration.

⚔️ Gérer la compétition sans déclencher de conflit

"Le test suprême auquel font face Trump et Xi est de gérer une compétition intense entre leurs pays tout en évitant une guerre qu'aucun des deux ne veut", résume Nicholas Burns.

La prudence pourrait finalement l'emporter sur la rhétorique. L'administration Trump semble plus intéressée à mettre fin aux conflits existants - notamment en Ukraine - qu'à en déclencher de nouveaux. Et malgré ses démonstrations de force, la Chine continue d'utiliser des moyens non létaux (lasers, canons à eau) pour repousser les navires philippins.

Les sondages révèlent un paradoxe américain : bien que 60% des Américains souhaitent se concentrer sur les problèmes intérieurs plutôt qu'internationaux, ils soutiendraient massivement une réponse militaire en cas d'attaque. Une position du "hérisson" : repli sur soi, mais prêt à piquer si menacé.