Le canal le plus stratégique du monde
Le canal de Panama permet de passer rapidement de l'Océan Atlantique à l'Océan Pacifique. Il a très largement contribué à la puissance économique et militaire des États-Unis, mais ce lieu est extrêmement convoité...
Comment le Canal de Panama a fait des États-Unis une superpuissance ? Pourquoi Trump veut reprendre la main sur le canal ? Et comment il utilise Blackrock pour arriver à ses fins ? C'est ce que nous allons décrypter, dans votre allongé du jour.
🇺🇸 Comment le canal de Panama a fait des États-Unis une superpuissance
Le canal de Panama n’est pas qu’un passage maritime, c’est un outil de domination géopolitique. Depuis son ouverture en 1914, il a offert aux États-Unis un levier stratégique unique, leur permettant de contrôler le commerce mondial et la projection de leur puissance militaire.
Avant le canal, les navires américains devaient contourner l’Amérique du Sud pour relier la côte Est à la côte Ouest, un détour de plusieurs semaines. Avec cette infrastructure, Washington a pu réduire considérablement le temps et le coût du transport maritime, accélérant son commerce et sa croissance industrielle. Cette maîtrise des flux commerciaux a aussi permis aux États-Unis d’imposer leurs règles aux échanges internationaux, en dictant qui pouvait utiliser le canal et à quelles conditions.
Mais la puissance du canal ne s’arrête pas au commerce.
D’un point de vue militaire, il a été un atout décisif. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis pouvaient déplacer rapidement leurs navires entre l’Atlantique et le Pacifique, renforçant leur supériorité navale. Même après la guerre, ce contrôle a permis de maintenir une influence directe sur l’Amérique latine, Washington n’hésitant pas à intervenir politiquement pour sécuriser ses intérêts dans la région.
Avec la rétrocession du canal au Panama en 1999, les États-Unis ont perdu un contrôle direct, mais ils restent toujours un acteur important dans sa gestion. Aujourd’hui, le canal n’est plus seulement un atout économique, il est un champ de bataille stratégique où les grandes puissances tentent d’imposer leur influence.
🤔 Pourquoi Trump veut reprendre la main sur le canal
Depuis sa rétrocession au Panama en 1999, le canal n’est plus sous contrôle direct américain, une situation que Trump considère comme une erreur stratégique majeure.
Son obsession ? Empêcher la Chine d’en faire un levier d’influence et rétablir la suprématie américaine sur cette voie maritime clé.
Pékin a multiplié les investissements au Panama ces dernières années, finançant des infrastructures portuaires, des projets logistiques et s’implantant économiquement dans la région.
Pour Trump, cette montée en puissance chinoise menace directement les intérêts américains. Reprendre la main sur le canal, c’est éviter que la Chine ne verrouille un passage essentiel pour le commerce mondial et ne gagne un avantage stratégique sur les routes maritimes internationales.
Mais Trump ne voit pas seulement le canal comme un enjeu géopolitique. Il veut aussi en faire un symbole de son agenda “America First”.
Dans sa vision, regagner de l’influence sur le canal serait une manière de renforcer la souveraineté économique des États-Unis, limiter la dépendance aux chaînes d’approvisionnement étrangères et protéger les intérêts des entreprises américaines.
Le problème ? Le Panama est aujourd’hui un acteur indépendant, et un retour en arrière semble difficile à négocier.
Washington peut user de la pression diplomatique, économique, voire militaire, mais toute tentative de contrôle direct risquerait d’aggraver les tensions avec Pékin et de créer une crise diplomatique majeure. Pourtant, avec Trump, tout est possible, et l’idée d’un retour américain au canal pourrait bien redevenir une réalité dans les prochaines années.
♟️ BlackRock pour renforcer les intérêts Américains
Dans un coup stratégique majeur, BlackRock a racheté les ports stratégiques situés aux extrémités du canal de Panama, une acquisition qui redéfinit l’équilibre des forces autour de cette voie maritime cruciale.
Jusqu’à récemment, ces infrastructures étaient détenues par CK Hutchison, un conglomérat hongkongais, ce qui avait suscité des inquiétudes à Washington quant à une influence chinoise grandissante dans la région. Le rachat par BlackRock, mené en partenariat avec Global Infrastructure Partners (GIP), marque donc un retour en force des intérêts américains sur le canal.
Cette transaction de 19 milliards de dollars inclut 90% des parts de Hutchison Ports PPC, qui contrôle les ports de Cristobal (Atlantique) et Balboa (Pacifique), soit les deux portes d’entrée du canal.

Cette prise de contrôle permet aux États-Unis de réduire l’emprise chinoise sur l’un des carrefours logistiques les plus stratégiques au monde, une victoire indirecte pour Trump.
Bien que BlackRock reste une entreprise privée, ce rachat est perçu comme un moyen détourné pour Washington de regagner de l’influence sur le canal tout en évitant une confrontation diplomatique avec Panama.
Le gouvernement panaméen a d’ailleurs assuré que cette transaction ne remettait pas en cause la souveraineté du pays sur le canal, mais elle renforce indéniablement la présence américaine dans une zone de plus en plus disputée.
Avec cette acquisition, les États-Unis reprennent une position dominante sur une infrastructure clé du commerce mondial, et cette opération pourrait marquer le début d’une nouvelle ère de tensions géopolitiques autour du canal de Panama.