Altice face à ses créanciers
Les créanciers d'Altice ont contre-attaqué avec une proposition choc pour restructurer la dette de 24 milliards d'euros du groupe.
Deux mois après qu'Altice ait esquissé une proposition pour renégocier sa dette de 24 milliards d'euros, les créanciers ont présenté leur propre contre-offre. Celle-ci a cependant peu de chances de séduire Patrick Drahi, puisqu'elle entraînerait une perte de contrôle du magnat des télécoms sur son groupe.
Pour rappel, Altice est confronté à une dette colossale qui préoccupe ses créanciers. Le groupe a financé son expansion par des montages à effet de levier (en endettant les entreprises rachetées pour financer les acquisitions). Actuellement, la dette dépasse 24 milliards de dollars, soit 6,7 fois son excédent brut d'exploitation (Ebitda).
Cette situation inquiète fortement les investisseurs, au point que l'agence de notation S&P a dégradé mi-mai la note du groupe à CCC+, avec des perspectives négatives, pointant une "structure capitalistique insoutenable".
Preuve du manque de confiance des marchés, l'action d'Altice à Wall Street a plongé depuis fin 2020 : alors qu’elle dépassait les 38 dollars en décembre, elle ne valait plus que 2,37 dollars en début de semaine.
Cette chute de la valeur attire les convoitises : fin février, Bloomberg révélait que Charter Communications s'intéressait à Altice USA, provoquant un bref sursaut du titre, qui s'est ensuite atténué.
Pour l'heure, le groupe tente de gagner du temps en continuant à refinancer sa dette, mais à un coût élevé, car ses taux d'intérêt ont grimpé ces dernières années.
Altice USA a ainsi levé un peu plus de 2 milliards de dollars en début d'année pour honorer une échéance, mais à un taux de 11,75%, alors que l'emprunt précédent était à 5,25%.
Que ce soit aux États-Unis ou en Europe, le temps joue désormais contre Patrick Drahi.